Nous rencontrons souvent des réactions instinctives à tout ce qui est lié à la coordination mondiale ou à la » gouvernance mondiale » de quelque sorte que ce soit. D’un côté, je pense que cela trouve ses racines dans certaines interprétations de la Bible parmi les 3 religions abrahamiques. Mais à un autre niveau, plus profond, je pense que ce concept est menaçant pour certains, car il remet en question l’une des peurs les plus profondément ancrées chez les êtres humains : la peur de la différence. Je pense que cette peur est liée à un manque de conscience de notre humanité commune.
Peut-être que beaucoup n’ont jamais réfléchi à cette idée ou n’en ont jamais discuté, ce qui est un défaut majeur de nos systèmes éducatifs, et peut-être que les approches sont multiples, ce qui complique le problème. Quoi qu’il en soit, il semble que les gens ne réalisent pas que l’on peut être profondément fier de son héritage culturel/religieux particulier, et en même temps, se sentir avant tout un être humain avant son appartenance à ses autres « identités ».
J’aimerais citer ici un discours qui m’a servi de guide sur le concept de citoyenneté mondiale et qui, je l’espère, aidera les gens à comprendre mon approche et celle du MUAC.
Dans le discours qu’il a prononcé en 1996 au Teacher’s College de l’Université de Columbia, » Thoughts on Education for Global Citizenship « , le fondateur de l’Université Soka, Daisaku Ikeda, a déclaré ce qui suit :
John Dewey et Tsunesaburo Makiguchi ont tous deux regardé au-delà des limites de l’État-nation vers les nouveaux horizons de la communauté humaine. Tous deux, pourrait-on dire, avaient une vision de la citoyenneté mondiale, de personnes capables de créer de la valeur à l’échelle planétaire.
Quelles sont donc les conditions de la citoyenneté mondiale ?
Au cours des dernières décennies, j’ai eu le privilège de rencontrer et de converser avec de nombreuses personnes de tous horizons, et j’ai réfléchi à la question. Il est certain que la citoyenneté mondiale n’est pas déterminée simplement par le nombre de langues que l’on parle ou le nombre de pays dans lesquels on a voyagé.
J’ai de nombreux amis que l’on pourrait considérer comme des citoyens tout à fait ordinaires, mais qui possèdent une noblesse intérieure ; qui n’ont jamais voyagé au-delà de leur lieu d’origine, mais qui sont véritablement préoccupés par la paix et la prospérité du monde.
Je pense pouvoir affirmer avec confiance que les éléments suivants sont des éléments essentiels de la citoyenneté mondiale.
Je suis intimement convaincu que ces 3 points sont profondément essentiels. Le premier point concernant l’interconnexion, me rappelle le mot sud-africain si cher au cœur de Nelson Mandela, UBUNTU, qui était déterminé à faire entrer sa nation dans une nouvelle ère grâce à l’éducation universelle. Ce mot peut également être traduit par » l’Interdépendance « .
Le second évoque fortement le besoin de » rencontres » avec d’autres cultures, ce qui pour moi parle d’éducation interculturelle, comme l’avait compris le musicien de renommée mondiale Yehudi Menuhin, ce qui a conduit à la création de la Fondation Menuhin, et de MUS-E.
Enfin, le dernier point, et peut-être le plus important de la liste du Dr Ikeda, fait référence à un changement profond dans le cœur des gens. C’est ce que j’appelle la Révolution Humaine, un changement intérieur qui produit » l’empathie imaginative » dont parle le Dr Ikeda. – Pour MUAC, il s’agit de : L’éducation pour la révolution humaine. Dans notre association, nous sommes convaincus que la musique et tous les arts sont les principaux moyens d’y parvenir, grâce au niveau intuitif sur lequel ils travaillent, allant au-delà de nos esprits conscients.
Michele de Gastyne, Présidente, MUAC